La tradition orale voudrait que ce bateau soit arrivé en 1947 au port des Pierrettes, près de Saint-Prex, avec le nom de Don Juan inscrite en lettres d’or sur une coque vernie. Il aurait appartenu préalablement à un Regamey, ramoneur à Morges. Les frères Regamey qui exerçaient les professions d’épicier et de fumiste auraient eu deux bateaux automobiles: L’Aiglon et Don Juan. Selon les souvenirs d’enfant de Monsieur Edouard Chattenoud, qui se baignait dans le port de Morges dans les années 40, le Don Juan était amarré au quai en face du Restaurant du Léman, et le jeune Edouard adorait à l’époque sauter à l’eau depuis la plage arrière de cette chaloupe!
Son dernier propriétaire, Monsieur Marc Zurbuchen l’a renommé Le Corsaire après l’avoir acquis en 1949 de Monsieur Zurbrug qui lui-même l’avait baptisé Tarzan et en avait rallongé la cabine précédemment existante. Malheureusement, les archives du Service vaudois de la navigation ayant été perdues, aucune trace de ce bateau avant son achat par Marc Zurbuchen n’a pu être retrouvée.
RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE
L’ancienneté du bateau lui confère un intérêt évident, même si le chantier qui l’a construit n’a pas pu encore être déterminé, ni quand il a été précisément lancé. Cette recherche se poursuit. Mais grâce à la collection de documents iconographiques rassemblée par Monsieur Salvatore Gervasi sur la ville de Morges, plusieurs vues du port permettent de découvrir plusieurs bateaux du type Le Corsaire. La première à gauche est légèrement postérieure à 1915 permet de distinguer la voûte d’une chaloupe qui pourrait être Le Corsaire. La silhouette complète du bateau permettrait sans doute de mieux l’identifier, d’autant qu’une bâche imposante aux inscriptions illisibles cache peut-être une machine à vapeur. Celle de droite, prise probablement dans le Petit Lac à la fin des années vingt, montre une chaloupe dans sa forme complète et de taille équivalente au Corsaire.
Une troisième image, agrandie, permet de distinguer dans le fond du port de Morges la poupe de la chaloupe observée dans la première photographie.
La bâche est retirée et dévoile la base d’une cheminée de machine à vapeur (ou peut-être d’un gros moteur?). C’est avec certitude Don Juan. Le bateau est amarré au quai, à la bonne place, en face du Restaurant du Léman!